Dimanche 16 en fin de journée, nous quittons Buenos Aires et notre bel appartement pour Pergamino, 250 km a l'Ouest. Nous y sommes accueillis par César Belloso, secrétaire de l'AAPRESID : Association Argentine de Siembra Directa. Nous sommes en contact avec lui depuis notre départ pour pouvoir assister au congrés annuel et par la même occasion visiter quelques producteurs.
Lundi 17 Août
Ce matin c’est donc Alejandro Moreno qui nous guide dans les champs de "La Matilde" l’estancia de la famille de sa femme : Matilde est le prénom de son arrière grand-mère.
A La Matilde, Alejandro cultive du soja, du maïs, du blé, de l’arbeja (une une sorte de pois d’hiver), de la fétuque et de la camomille ! Cet assolement très diversifié n’est pas coutume, comme les terres appartiennent a sa femme il peut se permettre de ne pas rechercher la rentabilité maximale chaque année et de développer un système sur le long terme. Au contraire, sur les terres qu’il loue, il est obligé de ne faire que du soja car une autre culture ne paierait pas les frais investis ( location et frais engagés pour cultiver ).
A La Matilde, il y a un stockage de 3600T qui est suppléé par des boudins dont les argentins sont fan. Il y a aussi un petit feedlot pour engraisser les broutards de ses Bellted Ghallaway dont on vous parlera un peu plus tard… Pour ce feedlot il a développé un système de "chemin de fer" oú il mélange tous les aliments dans la caisse puis distribue la ration avec très peu de manutention !
Dans les champs, aucun outil n'est venu bouleverser la vie tranquille du sol depuis 10ans. Alejandro travaille dans le SD depuis 20ans , il connait donc bien la méthode ! L'arbeja couvre cette année 600ha, comparables a nos pois d'hiver ils sont par contre destinés a l'alimentation humaine. Le récolte doit se faire avant que les pois ne blanchissent : 400$/T de pois vert, seulement 100$/T si ils sont blancs...
Sur la photo, les pois ont été semés en SD derrière une année de blé/soja. L'arbeja est un trés bon précédent a maïs car en plus de l'azote laissé dans le sol, Alejandro utilise un herbicie trés efficace qui laisse donc un sol trés propre. Aprés un soja et un arbeja il n'y a pas beaucoup de résidus mais le maïs va vite protéger le sol et en laisser beaucoup. La rotation montre ici toute sa cohérence car elle permet de diminuer la fertilisation azotée et de gérer les résidus.
L'objectif est de faire 2 cultures par an donc le soja est surtout cultivé en seconde culture aprés le blé. En Argentine les tournesols ou le maïs ont aussi été tentés mais en raison du prix de vente c'est le soja qui est le plus souvent choisit. Pour lancer un sol en SD, la recette d'Alejandro est d'adopter une rotation ble/soja pendant 3ans : construire des résidus et mettre de l'azote dans le sol !
Autre culture nouvelle pour nous : la camomille, oui oui pour faire des tisanes ! Comme la fétuque que nous présenterons ensuite, c'est un contrat qu'Alejandro a recherché pour diversifier sa rotation tout en ayant une bonne rentabilité.
La Camomille est cultivée dans la zone de l'exploitation oú l'irrigation est possible. Cette culture spéciale se récolte la nuit pour que l'essence soit plus concentrée. 1 hectare donne entre 4 et 5T de fleurs : ça en fait des sachets de tisane !
Sur la photo la camomille suit la fétuque qui elle même suit du blé : il y a une trés bonne couverture !
A l'opposé voici un champ de blé/soja qui sera semé en maïs.
Sur la photo la camomille suit la fétuque qui elle même suit du blé : il y a une trés bonne couverture !
A l'opposé voici un champ de blé/soja qui sera semé en maïs.
La couverture est tout de même assez bonne grâce aux pailles de blé qui se dégradent plus lentement. L'implantation d'un couvert est difficile : la date de semis serait trop tardive et le couvert pomperait de l'eau qui ne serait plus disponible pour le maïs.
On est serieux, hein! Là on est dans un champ de fétuque. Alejandro la cultive pour sa semence et elle reste en place pour deux ans. Le top serait de la garder bien plus longtemps mais le prix des contrats varie trop d'une année sur l'autre. Cette année par exemple il n'est même pas sûr de la vendre la demande en semence prairiale ayant beaucoup baissée ! En effet, l'élevage est en crise, comme expliqué plus bas.
On est serieux, hein! Là on est dans un champ de fétuque. Alejandro la cultive pour sa semence et elle reste en place pour deux ans. Le top serait de la garder bien plus longtemps mais le prix des contrats varie trop d'une année sur l'autre. Cette année par exemple il n'est même pas sûr de la vendre la demande en semence prairiale ayant beaucoup baissée ! En effet, l'élevage est en crise, comme expliqué plus bas.
Le taux de matière organique des sols est en moyenne de 5-6% et la structure est nickel ! Mettre n'importe quel outil de travail là dedans c'est se tirer une balle dans le pied ! Sur cette photo les yeux experts auront constatés que le semis a été fais en conditions un peu humide: le disque turbo a lissé et le sillon n'est pas refermé. Toutes les cultures sont semées avec des semoirs "triple disques" typiques de l'argentine. (un article "spéciale semoir" est en préparation ! ) Toutes les opérations sur les cultures sont sous traitées, Alejandro possède seulement une machine pour faire ses boudins de stockage.
Aprés le semis direct "de rêve" de La Matilde, voici la triste réalité de beaucoup de champs argentins : la monoculture de soja. Même en semis direct le sol se dégrade chaque année : la matière organique baisse, les adventices se sélectionnent et le sol s'appauvrit.
La monoculture de soja est très répandue pour plusieurs raisons. La première est que la culture du soja est la plus rentable malgré les 35% de rétentions ( les agri ne touchent que 65% du prix réel, file dans la poche du gouvernement, plus les impôts = les agri ne touchent que 50% au final ). La seconde, un peu plus complexe, est le statut du fermage : ici la terre ne se loue que pour 1 année ! Il faut donc tirer le maximum en en mettant le minimum ce qui n'est possible qu'avec le soja (pas d'engrais) , les autres cultures coûtant trop cher a produire: 1ha de soja coûte 100$, 1ha de blé 350$ et 1ha de maïs 400$, le calcul est vite fait !
Profil de sol... Merci la construction des routes! On peut voir le premier horizon riche en matière organique et ensuite un autre horizon plus pauvre en éléments mais riche en argile.
Le deuxième job d'Alejandro c'est son entreprise d'épandage par avion. Il possède 2 avions "Air Tractor" qui travaillent chacun sur 100 000ha (non non il n'y a pas de 0 en trop!). La plupart du temps ils sont utilisés pour des traitements insecticides (80% du temps). C'est également le représentant Air Tractor pour toute l'Argentine et le Brésil.
En photo la station de remplissage des avions : une cuve d'eau et une cuve pour incorporer le produit avant le chargement dasn l'avion. Chaque avion embarque jusque 2000L de mélange, a raison de 20L d'eau par hectare pour les fongicides ou même 5L de solution (2L d'insecticide + 3L de gazoil) , le débit de chantier est impressionnant !!!
Victor est le plus fort... un jour peut être...
Nous avons donc passé notre première matinée de "Siembra Directa" avec Alejandro puis Federico, un autre agriculteur, est venu prendre le relais. Pour ne pas mélanger toutes ces personnes en "o" nous poursuivons sur la maison d'Alejandro qui nous a accueillis en fin de journée pour le goûter ! Il habite avec sa femme "Popi" et leurs deux enfants pas trés loin de Pergamino, au milieu des pâtures. Leur charmante maison est décorée des trophés de chasse dont Alejandro est un passionné : mais keske c'est???
Il chasse uniquement avec ses deux chiens et son couteau, point question de fusil ! Les chiens doivent fatiguer l'animal en lui courant aprés puis sur l'ordre du chasseur lui sauter dessus et l'immobiliser avant que le chasseur ne lui tranche la gorge. Lorsque j'évoque la dangerosité de ce type de chasse pour les chiens, il m'explique : "il n'y a que 2types de chiens, ceux qui meurent, et ceux qui vivent ! "...
Petit chiot, croisé Drahtar et Dogue argentin, parfait pour la chasse! J'espère que celui-çi sera de ceux qui vivent !
Une vraie ferme zoologique dans son jardin, je veux le meme!!! Sanglier, cheval, poules, lapins, cochon, vaches... il y a de quoi s'occuper ! La truie porte en ce moment les petits du sanglier, ça va faire un bon assado !
Alejandro possède également un autre campo de 2000ha oú il élève 12 000 vaches allaitantes. Ce campo est actuellement en grande difficulté, l’élevage argentin traverse une grande crise a cause de l’interdiction des exportations par le gouvernement pour baisser le prix de la viande. Les prix ont tellement baissés que le prix de vente est maintenant inférieur au coùt de reviens : les éleveurs vendent donc leurs vaches mais sans renouveler leur troupeau. Conséquence, en 2008 le Paraguay a exporter plus de viande que l’Argentine et l’année prochaine elle devra sûrement en importer… Rappelons ici que les argentins consomment en moyenne 70kg de viande par an, a nos yeux c’est toute une partie de la culture argentine que le gouvernement détruit…
Lors de notre visite un de leurs amis a ramené quelques os : ceux d'un Plethosaure decouvert dans une marre pres de la ferme dont aucun muse ne veut! Du coup il se degrade dans l'indifference generale... Certains os sont enorme, il y a meme les vertebres!
Alejandro est egalement un artiste! Il travaille l'argent pour faire des théieres, fourreaux de couteaux, boucles de ceintures... génial !
Ils nous ont également montré des photos de la Patagonie oú ils ont un chalet...je crois qu'il va falloir qu'on reste en contact parce que c'est vraiment super joli cette région !
Ils nous ont également montré des photos de la Patagonie oú ils ont un chalet...je crois qu'il va falloir qu'on reste en contact parce que c'est vraiment super joli cette région !
Note : regarder le message sur la ferme d'Ingrid pour les mises a jour !
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